FEMELLISTE.

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Bloqueurs de puberté : au journal le Monde, personne ne comprend l’anglais.

Le 5 décembre 2022, le journal Le Monde publiait une tribune signée par plus de 150 personnes titrée « les jeunes trans existent il est temps de reconnaître leurs droits et de répondre à leurs besoins ».
Notre contributrice Zest de Gravity réagit.


Dans cette tribune, après un rappel de tous les articles de loi qui défendent les droits des personnes trans à exister, à obtenir ce qu’elles veulent dans la seconde et à crier à la haine si jamais on n’est pas d’accord, on nous explique que les enfants trans doivent être soutenus et accompagnés par la société notamment en ce qui concerne les médicaments qui bloquent ou retardent la puberté.

D’une façon tout à fait docte et bien argumentée, on évoque les risques de suicide si on laisse la puberté se faire (86% de pensées et 42% de tentatives) et les discussions sur la maturité cognitive de l’enfant ainsi que sa capacité à décider de lui-même de son avenir médical. On y admet que les hormones croisées ont des effets irréversibles mais que, ah la la, personnes aux connaissances scientifiques limitées qui s’inquiètent pour rien que nous sommes :

« Les retardateurs de puberté (…) ont des effets entièrement réversibles et peu d’effets indésirables pour l’adolescent, [étant donné qu’ils] permettent à celui-ci d’avoir plus de temps pour réfléchir au parcours de transition qu’il souhaite mener. »

Ah ben voilà, on est tout de suite rassuré. Surtout que la preuve irréfutable que les bloqueurs de puberté sont réversibles est dans le lien placé dans l’article.

Que dit réellement l’étude sur laquelle s’appuie cette tribune ?

Étant d’une nature curieuse et ayant toujours pour habitude de consulter les documents qu’on agite devant mon nez pour me prouver que la pluie c’est pas de l’eau qui mouille ou que la biologie ne compte pas quand on parle d’hommes et de femmes, j’ai cliqué sur le lien et j’ai trouvé la preuve : le standard of care 8 (SOC 8), un pavé de 260 pages entièrement écrit… en anglais.

Ah ben mince alors ! Mon niveau de lecture en anglais ne sera peut-être pas suffisant pour consulter un document scientifique avec tout un tas de termes scientifiques qui sont censés apporter la preuve irréfutable et scientifique que les retardateurs de puberté scientifiques sont entièrement réversibles.

Moi l’anglais, je l’ai appris à l’école et on sait à quel point on est doué en France dans l’apprentissage des langues. Mais je sais que « Yes », ça veut dire oui, que « No » ça veut dire non et que « suck my girl dick bitch » ça ne veut pas dire : « je respecte les femmes ». Donc, il y a peut-être une chance que je trouve cette preuve et qu’elle fasse enfin taire mes doutes de bigotes mal intentionnée.

Pour trouver des preuves dans ce pavé à priori indigeste, rendons-nous au chapitre consacré aux adolescents.

- Page 543 (45 du PDF) :

« The subsequent 6th (…) and 7th (…) versions divided medical- affirming treatment for adolescents into three categories and presented eligibility criteria regarding age/puberty stage—namely fully reversible puberty delaying blockers as soon as puberty had started; partially reversible hormone therapy (testosterone, estrogen) for adolescents at the age of majority, which was age 16 in certain European countries; and irreversible surgeries at age 18 or older, except for chest “masculinizing” mastectomy, which had an age minimum of 16 years. » 

Traduction : Les 6e (...) et 7e (...) versions ultérieures divisaient en trois catégories le traitement médico-affirmatif pour les adolescents et présentaient des critères d'éligibilité concernant l'âge/le stade de la puberté, à savoir des bloqueurs retardant la puberté entièrement réversibles dès le début de la puberté ; un traitement hormonal partiellement réversible (testostérone, oestrogène) pour les adolescents à l'âge de la majorité, qui était de 16 ans dans certains pays européens ; et des chirurgies irréversibles à l'âge de 18 ans ou plus, sauf pour la mastectomie « masculinisante » thoracique, qui avait un âge minimum de 16 ans.

Voilà une sacré phrase : «fully reversible puberty delaying blockers as soon as puberty had started », « des bloqueurs retardant la puberté entièrement réversibles dès le début de la puberté » ! Il n’y a pas d’autres explications. Ni de comment, ni de quand… rien. Et c’est écrit dans un document scientifique avec des termes scientifiques !

Par contre, il y a une précision sur l’âge à partir duquel on peut administrer ces fameux médicaments (- Page 548 (50 du PDF) :

6.12.f- L'adolescent a atteint le stade 2 de Tanner de la puberté pour que la suppression pubertaire soit initiée.

Deux choses à noter :

- Le stade Tanner 2, c’est entre 10 et 11 ans.

- Il n’est pas question ici de retarder ou de bloquer temporairement la puberté mais de la supprimer…

Un autre petit bout de texte pour tenter de comprendre ce qu’on propose aux enfants.

Page 561 (63 du PDF) :

« Gender-diverse youth should fully understand the reversible, partially reversible, and irreversible spects of a treatment, as well as the limits of what is known about certain treatments (e.g., the impact of pubertal suppression on brain development (Chen and Loshak, 2020)). »

Traduction : “Les jeunes de diverses identités de genre devraient comprendre pleinement les aspects réversibles, partiellement réversibles et irréversibles d'un traitement, ainsi que les limites de ce que l'on sait de certains traitements (p. ex., l'impact de la suppression pubertaire sur le développement du cerveau (Chen et Oshak, 2020)).”


En résumé

- Les bloqueurs de puberté sont réversibles parce que la phrase « les retardateurs de puberté sont réversibles » est écrite dans le texte.

- On peut commencer à 10 ans, avant même que son corps soit modifié par la (méchante) puberté.

- Le seul moyen de rendre ces retardateurs réversibles c’est d’arrêter de les prendre.

- Ces médicaments peuvent potentiellement supprimer la puberté (surtout si on n’arrête jamais de les prendre).

- Il y a des risques pour le développement du cerveau (entre autre).


Les bloqueurs de puberté améliorent-ils vraiment la santé des enfants ?

La question qui se pose est donc : ne me serais-je pas trompée de question ? Et si au lieu de chercher la preuve de la réversibilité de ces bloqueurs, je me demandais plutôt : en quoi est-ce que ça améliore la santé des enfants, des ados et des futurs adultes qu’ils sont censés devenir ?

Partons dans l’autre sens. C’est quoi la puberté et l’adolescence ?

Page 543 (45 du PDF)

«Adolescence is a developmental period characterized by relatively rapid physical and psychological maturation, bridging childhood and adulthood (Sanders, 2013). Multiple developmental processes occur simultaneously, including pubertal-signaled changes. Cognitive, emotional, and social systems mature, and physical changes associated with puberty progress. »

Traduction : « L’adolescence est une période de développement caractérisée par une maturation physique et psychologique relativement rapide, qui relie l’enfance à l’âge adulte (Sanders, 2013). De multiples processus de développement se produisent simultanément, dont des modifications pubertaires. Les systèmes cognitifs, émotionnels et sociaux arrivent à maturité et les changements physiques associés à la puberté progressent. »

Et pour la puberté ? Le site d’Amélie.fr stipule : « La puberté est une période de la vie, au cours de l’adolescence, pendant laquelle les organes sexuels se transforment. Ils atteignent ainsi leur maturité progressivement, pour permettre la reproduction. »

Y-a-t-il quelqu’un qui a prouvé qu’altérer, retarder, bloquer ou supprimer la maturité du cerveau, la croissance du squelette, le développement des organes et la fertilité d’un enfant et d’un futur adulte est censé apporter QUOIQUE CE SOIT DE BON, à la santé d’un être humain ou empêcher les PENSEES et les TENTATIVES de suicide ? Est-ce que ça marche, au moins ? Est-ce qu’il y a moins de pensées, de tentative et de suicide après ces traitements ? Parce que dans le texte (page 546/ 48 du PDF), ils admettent qu’ils ont très peu d’études sur les effets à long terme des traitements précoces vu qu’une fois dans l’âge adulte ils ne suivent plus leur cas.

On ne peut qu’espérer qu’il n’y a jamais de regret après, n’est-ce pas ?

Après la lecture de ce document, il est clair qu’utiliser les bloqueurs de puberté sur des corps d’enfant pour « améliorer leur santé », est juste une arnaque.