FEMELLISTE.

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Le harcèlement que subit Marguerite Stern

Depuis que je m’oppose publiquement à l’idéologie transgenre (Janvier 2020), ma vie s’est écroulée. J’ai perdu les trois quarts de mes “amies”, la possibilité d’un avenir professionnel stable et ma santé mentale. Je vis dans la violence et dans la peur. Injures, menaces, censure : c’est mon quotidien. Au sein du mouvement que j’ai créé (les collages contre les féminicides), je suis devenue celle-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom. Les films et les livres qui prétendent documenter ce mouvement m’occultent. Il est évident que cela ne serait jamais arrivé si j’étais en train de vendre des culottes de règles pour “personnes à vulves” 🤪 sur Instagram.

Je déteste raconter ça. C’est très douloureux. Je me force à le faire pour montrer qu’entre transgenristes et féministes dites radicales, ça n’est pas une histoire de conflits, c’est une histoire de violences. Des violences qui reposent sur des mécanismes d’inversion — comme toute l’idéologie transgenre — et où les victimes de harcèlement sont désignées comme coupables. Les hommes deviennent des femmes ; les sciences, des croyances ; la biologie, une construction sociale. Et tant qu’on y est, “La guerre, c’est la paix. La liberté, c’est l’esclavage. L’ignorance, c’est la force.” Georges Orwell




De 2012 à 2015, j’ai été activiste FEMEN. C’était un mode de vie total. En 2013, j’ai été incarcérée un mois en Tunisie avec Pauline Hillier et Joséphine Markman pour avoir manifesté devant le Palais de Justice de Tunis en faveur de la libération d’Amina Sboui, alors incarcérée injustement. FEMEN m’a changée profondément. Ça m’a permis de construire les bases d’une pensée politique basée sur des valeurs républicaines et universalistes. Ça a fait de moi une citoyenne engagée pour le bien commun et la liberté d’expression.

De 2015 à 2019, j’ai milité pour un accueil digne des personnes exilées en France et j’ai travaillé dans une association avec des mineurs isolés étrangers à Marseille. J’avais pour objectif de passer une validation des acquis de l’expérience pour devenir éducatrice. Mais après avoir successivement perdu deux emplois à cause de mon passé militant j’ai dû abandonner ce projet.


La création d’un mouvement : les collages contre les féminicides.

À cette époque, mon amie Valérie Dontenwille s’était mise à coller des portraits de femmes dans les rues de Marseille. Je l’ai accompagnée quelques fois et j’ai eu l’idée de développer ma propre esthétique de collages. Je raconte cela dans mon livre “Héroïnes de la rue” paru chez Michel Lafon et dans ma série de podcasts du même nom (3T dans Télérama). Pendant plusieurs semaines, j’ai élaboré dans ma tête ces visuels très simples à base de feuilles A4 et de peinture acrylique. Cette création a une dimension publique, mais elle est d’abord très intime et personnelle : elle n’aurait jamais vue le jour sans l’amour qu’Oksana Shachko m’a transmise pour les grandes bannières FEMEN qu’on peignait ensemble religieusement, et sans l’émotion que me procurent les aplats de matière noire sur des surfaces blanches des oeuvres de Pierre Soulages.

Un soir, je suis sortie seule, afficher un message que j’avais peint la veille : “DEPUIS QUE J’AI 13 ANS, DES HOMMES COMMENTENT MON APPARENCE PHYSIQUE DANS LA RUE”. J’ai fait ça les mains tremblantes ; j’ai toujours eu peur de l’autorité. Le lendemain, je suis retournée voir mon collage et j’ai trouvé qu’il dégageait une grande force. Quelque chose d’implacable. Les faits, juste les faits, noir sur blanc. J’ai collé quelques messages personnels comme ça avant d’en venir à me concentrer sur les féminicides. Je me disais “Si la police m’arrête, je veux que ça soit pour une bonne raison, je veux ne rien avoir à regretter, je veux que mon message soit plus important que l’amende qu’on me collera.”.

Quelques jours après l’assassinat de Julie Douib par son ex-compagnon, je suis allée coller à 17h, Porte d’Aix, toujours à Marseille “JULIE A ÉTÉ ASSASSINÉE LE 03.03.2019. ELLE AVAIT DÉPOSÉ 5 PLAINTES.”. Les faits, juste les faits, noir sur blanc. Je me rappelle que je suis restée longtemps dans une forme de recueillement à regarder les gens passer devant mon collage. Dans ma tête tournait en boucle un passage du poème d’Aragon Strophes pour se souvenir : “Les gens allaient sans yeux pour vous le jour durant / Mais à l’heure du couvre-feu des doigts errants / Avaient écrit sous vos photos MORTS POUR LA FRANCE / Et les mornes matins en étaient différents”.

tout premier collage sur feuilles A4, Janvier ou Février 2019

tout premier collage dénonçant un féminicide, celui de Julie Douib, Mars 2019

À l’époque, ces collages étaient quelque chose de grave pour moi. J’aurais préféré ne pas avoir à faire ça. Sur mes réseaux sociaux, j’avais essayé d’inciter d’autres femmes à faire pareil que moi, mais ça n’avait pas pris.

À la fin de l’été 2019, j’ai déménagé au Jardin Denfert, un squat du 14e arrondissement de Paris. J’ai lancé un appel pour rassembler des femmes autour de ces collages et leur transmettre mon intention. Pendant un mois, j’ai accueilli plusieurs centaines de femmes. J’ai mis en place une organisation relativement stricte : hors de question que ces sessions se transforment en réunions joyeuses ou en hobby. Dans notre espace de travail j’imposais le calme et la concentration. Je contrôlais la pertinence de chaque message : hors de question de romantiser les féminicides avec des formules telles que “Il l’a tué par amour” comme on peut encore aujourd’hui lire dans la presse. Je voulais changer le monde. Mettre fin à ce massacre — au moins en France.

Tous les jours, avant de constituer des groupes qui partaient recouvrir la ville, je prenais un temps solennel pour rappeler aux femmes qui étaient là quelques principes importants : je voulais qu’elles comprennent l’importance de ce que nous étions en train d’accomplir et qu’elles prennent la mesure de leurs actes. Mon passé d’activiste FEMEN et de surveillante dans un collège des quartiers Nord de Marseille, m’avait appris à gérer un groupe et à lui insuffler l’énergie nécessaire.

Je répétais aussi inlassablement que nous devions rester unies au-delà des désaccords dans notre milieux. J’avais d’ailleurs été apostrophée par l’une de ces femmes au sujet d’une série de tweets datant de 2018 dans laquelle je dénonçais “2 hommes déguisés en femmes” en tête d’un cortège féministe. J’avais été sommée de me justifier, ce que j’ai fait, tout en affirmant mes positions critiques du genre.

Je me souviens que les journalistes du Monde étaient présentes ce jour-là, et qu’elles ont eu la délicatesse de ne pas mentionner “l’incident” dans leur papier. Mais parmi le groupe des colleuses, ma réputation était faite, et j’ai appris par la suite qu’elles en parlaient beaucoup entre elles. Sans le savoir, j’étais déjà la “TERF” de service.

En une semaine, nous avions recouvert Paris. Le mouvement s’est rapidement étendu à la province ; tous les jours, des femmes me contactaient pour que je les aide à distance à monter une antenne “Collages Féminicides” dans leur ville ou leur village. Beaucoup de médias ont commencé à me contacter. J’essayais systématiquement de distribuer la parole à d’autres femmes, mais j’ai malgré moi été érigée en icône de cette lutte.

Au bout d’un mois, par épuisement, et par volonté d’horizontalisation, j’ai décidé de prendre du recul : d’arrêter d’accueillir toutes ces femmes chez moi, et de retourner coller seule, comme aux débuts. Je raconte cela dans un bref épisode de ma série de podcasts “Héroïnes de la rue”. Je ne répondais quasiment plus aux médias. Je transférais toutes les demandes au groupe “Collages Féminicides Paris”.

Le parasitage des collages contre les féminicides et le début de mon harcèlement.

J’ai alors commencé à observer que des femmes se mettaient à instrumentaliser mon esthétique pour coller des messages tels que “une femme trans est une femme” ou encore “des sisters pas des cisterfs”. J’AVAIS HONTE. Honte par rapport aux familles de victimes de féminicides et aux victimes de violences conjugales. Je n’avais pas anticipé que ma création puisse être détournée et instrumentalisée au service d’une idéologie complètement contraire à son esprit originel. Alors, sur un coup de colère, et tout en mesurant l’impact que cela aurait sur ma vie militante et mon image publique, j’ai pris la parole sur Twitter. Dans un thread, j’ai expliqué en quoi selon moi, le transgenrisme représentait une menace pour les droits des femmes.

À la minute où j’ai posté ce thread, ma vie a basculé : diffamations pour “transphobie”, injures en tous genres, menaces — y compris de mort —, traque en ligne, harcèlement de mes proches, violences physiques et matérielles, accusations de violences et chantages au suicide, cancel culture, censure sur les réseaux sociaux, impossibilité de trouver un emploi dans les domaines qui m’intéressent (podcast notamment), etc. Le harcèlement m’a détruit. Aujourd’hui, quand je me regarde dans une glace, je suis plutôt fière d’être restée bien droite dans mes bottes, mais je ne reconnais plus mes traits. J’ai l’impression d’avoir le visage déformé par la douleur, l’impression d’avoir vieilli de dix ans en seulement trois.

J’ai perdu des amies. Des amies ont perdu des amies parce qu’elles sont amies avec moi. On m’a frappé et lancé des oeufs au visage lors d’une manifestation “féministe”. J’ai peur quand je marche dans la rue. J’ai peur quand je vais voir un professionnel de santé. J’ai tout le temps peur qu’on me reconnaisse. Je fais des cauchemars. Je n’accorde plus ma confiance à personne. On m’a trop trahie. On m’a trop humiliée. On m’a trop trainée dans la boue. Tout cela parce que j’affirme que les femmes n’ont pas de pénis. TOUT CECI EST ORWELLIEN. À vous rendre folle.

Ma création est constamment instrumentalisée au profit d’une idéologie que je combats, jusqu’à appeler à la violence et au meurtre des femmes dites “TERFs” dont je fais partie. Je vis avec la sensation mortifère d’avoir créé le monstre qui me ronge actuellement : ma plus belle création, je la déteste. Les messages à l’écriture inclusive pour parler des mortes, les appels à la haine contre les “TERFs”, et les “patriarcaca” détournent et parasitent mon message originel.

Mon effacement de l’Histoire.

Effacer les femmes de l’Histoire en attribuant leurs créations et leurs découvertes soit à des hommes, soit à des anonymes est l’un des grands procédés utilisé pour nier leur apport à l’humanité. En tant que féministe, je me bats contre cela. C’est ce qu’on appelle “l’effet Matilda” (nom a été donné par l'historienne Margaret Rossiter en référence à la militante féministe et abolitionniste Matilda Joslyn Gage qui vécut à la fin du XIXe siècle). Par exemple Rosalind Franklin a été dépossédée de sa découverte de l’ADN : trois hommes ont obtenu le prix Nobel de médecine en copiant ses travaux. Un autre exemple : contrairement à ce qui m’a été enseigné à l’école, la communauté scientifique s’est récemment rendue compte que les villes d’Ur et Uruk (premières villes connues en Mésopotamie), ont été construites à moitié par des femmes et pas uniquement par des hommes.

Parce que j’ai pris des positions extrêmement controversées à l’intérieur du féminisme, mon apport à ce mouvement est en permanence nié et j’assiste de mon vivant à une forme de révisionnisme de l’Histoire. J’ai par exemple appris que les femmes à qui je transmettais les demandes d’interview demandaient parfois expressément aux journalistes de ne pas citer mon nom dans leurs articles (voir image ci-dessous). Je constate régulièrement sur les réseaux sociaux que des personnes nient le fait que je suis bien à l’origine de ce mouvement (voir image ci-dessous).

Je constate régulièrement que des médias font mal leur travail et “omettent” de me mentionner, ou bien attribuent la création des collages contre les féminicides à un “collectif” ou “une poignée de militante”. Pour La Déferlante — que j’avais pourtant eu au téléphone pendant une heure et demi et qui nous parle de “colleureuses” 🤪 —, ces collages seraient “apparus” (on se demande bien comment) dans les rues de Paris, à la veille de l’ouverture du Grenelle contre les violences conjugales. J’appelle cela du révisionnisme. Pas du journalisme.

Effacée jusque dans Des oeuvres cinématographiques et littéraires au sujet des collages contre les féminicides.

Plusieurs ouvrages sont parus au sujet des collages contre les féminicides : deux livres, un film, des mémoires d’universitaires, et qui nient le fait que je sois à l’origine de cette création. Il est extrêmement inconfortable et épuisant de devoir me battre pour ne pas être effacée. Cela me place dans une position vindicative dont je me passerait bien.

En Octobre 2021, parait le livre “Notre colère sur vos murs” aux éditions Denoël. La quatrième de couverture suggère que ce mouvement a été créé par un collectif (en l’occurence le collectif “Collages Féminicides Paris”). Quand on ouvre le livre, mon nom apparait au bout de quelques pages, accompagné du qualificatif “transphobe” pour désigner mes prises de positions, et la retranscription du message de mon tout premier collage (“DEPUIS QUE J’AI 13 ANS DES HOMMES COMMENTENT MON APPARENCE PHYSIQUE DANS LA RUE”) comporte trois fautes. Pour la rigueur journalistique on repassera. J’ai mandaté mon avocat Ivan Terel pour engager une procédure en diffamation.

L’intérieur du livre est également rempli d’images présentants des collages détournants leur esprit original. J’ai mandatée mon avocate Ermeline Serre, spécialisée en droit de la propriété intellectuelle, afin d’obtenir réparation.

Pour toute personne qui n’a jamais vécu le harcèlement et le vol de propriété intellectuelle, cela peut paraitre futile. Mais la parution de ce livre a été un énorme choc émotionnel pour moi. Elle est venue ancrer encore plus sérieusement que sur les réseaux sociaux, mon effacement de l’Histoire à cause de mes prises de positions critiques du transgenrisme. Suite à cela, j’ai fait plusieurs attaques de paniques et ait été hospitalisée un mois et demi en psychiatrie à ma demande pour “trouble anxieux généralisé”.

Le film “Riposte Féministe” réalisé par Marie Perennès et Simon Depardon, prétendument à visée documentaire, “omet” également de me citer, et présente les collages contre les féminicides comme une activité fun, avec des messages allant totalement à l’encontre de leur esprit original. Je considère que cela relève du détournement, du parasitage et surtout du manque de rigueur journalistique : quand on prétend “documenter” le public, c’est malhonnête d’effacer la personne qui est à l’origine de l’objet du documentaire.

Un livre making-off du film est paru aux éditions du Seuil, dans lequel Elvire Duvelle-Charles (ancienne amie et co-activiste FEMEN), cite mon prénom au milieu d’une flopée d’autres : on ne comprend pas très bien ce que cette “Marguerite” vient faire là.

J’ai mandatée mon avocate Ermeline Serre, spécialisée en droit de la propriété intellectuelle, afin d’obtenir réparation.

Face à ce harcèlement, vous pouvez me soutenir avec des dons sur ma page Patreon.
Merci d’avance.